Littéralement " l’île de la tarte à l’anguille" est une petite île sur la Tamise située à Twickenham dans le borough de Richmond.
Elle compte une cinquantaine de maisons et 120 habitants environ. On y trouve également deux chantiers navals et des ateliers d’artistes.
L’île est privée et on y accède par l’unique passerelle depuis The Embankment, près de Water Lane. Pas de voiture, pas de camionnette (pas de troquet, pas de mobylette). Les allochtones sont tolérés, mais on ne les encourage pas dans leur élan de découverte.
A l’entrée de la passerelle, on est accueilli par un panneau sur lequel on peut lire « Ile privée, voie sans issue, bicyclettes interdites ». Charming.
Deux fois par an les studios d’artistes ouvrent leurs portes au public, en juin et en décembre.
J’avais entendu parler de cette île dans un magazine et je m’y suis rendue en été avec une avide envie de découvrir cet endroit que peu de gens connaissent, même les Londoniens de longue date.
Tous ceux – British or non British – à qui j’ai mentionné l’île au nom rigolo se demandaient de quoi je pouvais bien parler.
Eel Pie island a connu son heure de gloire dans les années 50 et 60 où elle était le lieu de rendez vous des amateurs de jazz et de blues.
Jusqu’à la fin de années 60 on pouvait y trouver l’Eel Pie Island Hotel et son Dance Hall où se sont déroulés des concerts d’anthologie. The Who, The Rolling Stones, David Bowie, Pink Floyd, Black Sabbath, Genesis… On peut imaginer les fêtes qui se sont déroulées sur cette île au milieu de la Tamise dans cette banlieue résidentielle de Londres.
En 1967, l’hôtel a dû fermer car son propriétaire n’avait pas les fonds nécessaires aux réparations exigées par les autorités.
En 1969 l’hôtel fût occupé par un petit groupe d’anarchistes et en 1970 l’île devint l’une des plus grandes communautés hippies du Royaume Uni. Fascinant. On visualise aisément l’ambiance de l’époque : pattes d’eph, “acid”, créatures aux cheveux longs, LSD, chemises à fleurs, héro, des corps nus, hash… Parfois la machine à remonter le temps manque cruellement. Je troquerais volontiers mon ipad pour un petit tour en 1970, pendant la période hippie de l’île. Elle n’a pas duré bien longtemps car un mystérieux incendie a détruit l’Eel Pie Island Hotel en 1971.
On se promène dans les petites allées pleines de verdures, on flâne d’atelier en atelier et on se laisse tenter. C’est comme ça que j’ai découvert les beaux objets de la céramiste Nicky O’Connor.
Eel Pie Island - Twickenham - TW1 3DY
Station Twickenham (12 minutes à pied)
Fabienne Henry
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